21 novembre 2019

L'Antenne - Bulletin de liaison électronique - Fédération Française des Apiculteurs Professionnels

Vendredi 22 novembre 2019


Actualité de la FFAP

  • Anniversaire du SAPB

Deiz ha bloaz laouen dit SAPB !

Voici le message adressé par son président, François Le Dudal :

« Bonjour à toutes et à tous,

Et oui ! Petit mail sous forme de carte d’anniversaire pour le SAPB qui se voit aujourd’hui rentrer dans sa quarantième saison apicole !!
En effet, c’est le 18 novembre 1979 qu’à été créé à Pontivy le Syndicat des Apiculteurs Professionnels de Bretagne.
Son premier président, Jean Le Corre était apiculteur, producteur de miel, de pollen et de gelée royale à Quéven dans le 56.
Vous trouverez ici, pour valeur historique, une copie des premiers statuts du SAPB lors de sa création.
Si le charme intemporel de la machine à écrire à laissé place aujourd’hui au tout numérique, force est de constater que l’apiculture professionnelle a eu, elle aussi, à subir depuis 4 décennies de profondes mutations. Là où un nouvel installé pouvait encore prétendre peupler ses ruches en récupérant des essaims, là où la production de miel était encore excédentaire et que le soucis principal des apiculteurs était de s’organiser afin de pouvoir vendre leur miel, là où les Reines présentaient encore une espérance de vie approchant 5 années, (etc..), ont succédés dans les années 80 l’arrivée du varroa et les complications et résistances que l’on connait aujourd’hui, l’utilisation massive et systématique des insecticides neurotoxiques.. De mémoire d’abeilles, Un tournant majeur s’est joué autour de l’apparition mortifère des insecticides systémiques et la mise sur le marché des pesticides dits de "4ème génération" (néonicotinoïdes) au début/milieu des années 90. Si les abeilles avaient été "quelques peu" malmenées avec les générations précédentes de pesticides (péréthrinoïdes de synthèse, insecticides dits de "troisième génération") et ceux issus de l’ingénierie de guerre (organochlorés, organophosphorés, largement utilisés dans les années 70).. résister à une telle "guerre totale" pour les apiculteurs et leurs abeilles s’apparente alors à un véritable défi. A ceci s’est ajouté la raréfaction des ressources, conséquence additionnelle d’une politique agricole intensive ultra productiviste sans garde-fous.

Je serais bien incapable aujourd’hui par ma maigre expérience et ma relative jeunesse (en 1979, mon soucis principal était à peu de chose près d’appréhender correctement la bipédie..) de relater ce qu’à pu représenter de tels changement pour les apiculteurs ayant démarrés leur activité à la fin des années 70, cependant il est indéniable de reconnaître que la structuration collective et solidaire, la défense et la vigilance de notre profession par la représentativité des syndicats apicoles était hier et est encore aujourd’hui indispensable. (Il faut noter, entre autre, le combat récent gagné contre les néonicotinoïdes, et ce, au prix de plus de 20 ans de lutte et d’engagement des syndicats apicoles à faire reconnaître les effets dévastateurs de ces pesticides sur les abeilles et l’ensemble des pollinisateurs..)

Il est vrai que techniquement, saison après saison, nous nous employons à démultiplier nos efforts afin de tendre à maintenir ou à développer notre cheptel.
C’est un véritable tour de force qui nécessite à la fois une remise en cause permanente, de la persévérance et une organisation logistique et technique sans failles.
Il y a quelques années la période permettant à un apiculteur nouvellement installé de trouver sa vitesse de croisière afin de viabiliser son projet était de 3 à 5 ans, aujourd’hui s’installer s’apparente à un véritable défi et à une prise de risque sans précédent. La nécessité d’être opérationnel techniquement rapidement afin de répondre aux enjeux économiques liés à une installation bien souvent couteuse nécessite un accompagnement. Ici encore le rôle des structures professionnelles apicoles prend tout son sens. Le développement d’un réseau, collectif et solidaire est pour le nouvel installé un véritable outil lui permettant d’éviter les écueils et tendre à limiter les risques dans le développement de son projet. Les syndicats régionaux et fédérations apicoles ont là un rôle à jouer dans la connexion intergénérationnelle, la mise en place d’outils tel que les pépinières, la mutualisation du matériel, l’accompagnement technique et productif par tutorat, la solidarité.. La finalité étant pour le nouvel installé de réduire la période de sécurisation de son activité afin de rendre son projet plus rapidement autonome et viable.

Le SAPB depuis sa création, s’est donné pour mission de fédérer les apiculteurs bretons, de défendre les intérêts généraux et particuliers de la profession, d’appuyer et soutenir l’autonomie et la viabilité des fermes apicoles, de resserrer les liens de solidarité entre apiculteurs. Aujourd’hui face aux défis environnementaux et climatiques, face aux tentatives d’entrismes et à la récupération tout azimut de l’agrobusiness, face aux campagnes de dénigrement des lobbys, les apiculteurs auront besoins de nouveau et à l’image des mobilisations et actions menées la saison dernière de se retrouver autour d’un syndicat qui portera dans un esprit collectif et solidaire leurs voix et leurs préoccupations.

Alors, une nouvelle fois, bon anniversaire au SAPB et portons à l’image de toutes celles et ceux qui nous ont précédés l’engagement nous permettant de tendre à restaurer un environnement viable pour les abeilles et défendre notre métier d’apiculteur ! »


Actualité de la filière

  • Compte-rendu du procès d’Orléans sur la cire

Pour faire suite au communiqué publié par la FFAP la semaine dernière, voici d’une part un article publié dans la République du Centre :
« Une société de Fay-aux-Loges mise en cause par des apiculteurs pour la qualité de la cire qu’elle leur a fournie »

Puis ci-dessous le compte-rendu du procès fait par Nicolas Guintini (SAPAuRa) :

« Nous sommes allés avec Christophe Manu Daniel et moi, soutenir les collégues Nicolas Pichon et Julien Perrin au tribunal de grande instance d’ Orléans ce 14 novembre.

Il s’agit d’une plainte de plusieurs apiculteurs contre les établissements Thomas dans le cadre d’une affaire de vente de cire adultérée en 2017.

Il est reproché aux Gérants des Ets Thomas :
- Pratique commerciale trompeuse par personne morale
- Exposition ou vente, par personne morale, de denrées alimentaires, boissons ou produits agricoles falsifiés, corrompus ou toxiques.
- Tromperie, par personne morale, sur la nature, la qualité, l’origine ou la quantité d’une marchandise.
- Non information des fournisseurs ou acquéreurs d’un produit de sa non-conformité portant sur une qualité substantielle.
- Non-respect d’une mesure de consignation de produit ordonnée par un agent de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes.

Drôle de sentiment à la sortie du tribunal vers 22h (6h d’audiences) mais le premier point positif, ça fait chaud aux cœurs pour les copains de ne pas se sentir seul. La Confédération paysanne, le SPMF et le GDSA ont eu le temps de se porter partie civile. La FFAP était présente pour soutenir les apis avec d’autres collègues de la région.
Deuxième point positif on montre aux ciriers et aux revendeurs peu scrupuleux qu’on a atteint la limite et que leurs petites affaires sont désormais mal engagées.

Dans cette affaire le problème de la cire adultérée va bien au-delà de cette plainte.
La classification de la cire : la cire n’est réglementairement pas considérée comme une denrée alimentaire c’est un problème auquel il va falloir s’atteler, car la défense use et abuse de cette situation, car elle permet à les entendre de passer outre les limites de résidus et de niveau de qualité.

Ce que nous notons c’est le flou entretenu autour de la nature de la cire.
Le tribunal ne comprend pas bien cet aspect technique mais comprend quand même que certaines analyses ne correspondent pas au standard (peut-être pas suffisamment documenté) de la « cire d’abeille jaune »
Ce lieu ne permet pas de juger le fond mais se réfère seulement à la partie « droit commercial » qui oppose les plaignants et la défense.
Est-ce que l’annonce publicitaire correspond à ce qui est vendu ?
Ce qui est vendu est il encore de la cire d’abeilles ?
Est-ce que, connaissant les problèmes rencontrés par les apiculteurs, les dirigeants des Ets thomas ont fait un rappel de lot posant problème ou ont informé leurs clients ?
À priori non.

Je note que les témoignages des parties civiles à travers les avocats ou bien des apiculteurs ne sont pas suffisamment étayés et clair.

Le jeu consiste alors pour l’avocat des Ets thomas à :
• décrédibiliser l’apiculteur isolé ; 6 apiculteurs se plaignent sur 1 millier de clients ayant acheté leur cire… N’est-ce pas la preuve de leur incompétence (pour faire court) ?
• l’apiculteur fait mal son travail, combien de cadres concernés au fond, quelle traçabilité,… ?
• et puis il fait chaud, c’est normal que les cadres s’effondrent dans les ruches et soient mal accepter par les abeilles… Il n’y a tout simplement pas assez d’abeilles dans les essaims.
• puiser des arguments fumeux dans des forums, des gazettes agricoles et les revues apicoles,
• discréditer l’enquête administrative pour minimiser les résultats d’analyses qui dépassent le standard des différents critères, notamment entretenir le flou sur la stéarine et de ses effets toxiques sur abeilles
• élargir les fourchettes de la liste d’ensemble définissant la composition de la cire d’abeille minimiser l’écart du point de fusion, minimiser le dépassement de la stéarine le dépassement de paraffine
• rendre douteux les conclusions de l’expérimentation belge d’Ivo sur la stéarine.
• Évoquer le règlement qui ne classe pas la cire comme denrée alimentaire mais comme un sous-produit de catégorie 3 (CE1069-2009) (le CE142/2011 porte sur la définition).
• Il ne s’agit pas de cire d’opercule mais d’un mélange de cire de brèche donc faut pas en demander trop en quelque sorte
• Pointer les parties civiles n’ayant pas respecté toutes les règles pour se constituer partie civile
• discréditer les demandes d’indemnisation des plaignants.
• Il n’y a rien d’intentionnel, ils ont acheté de la cire plus chère à la société espagnole qualité supérieure grade A donc s’il y avait un problème… ça vient d’ailleurs et ils n’ont de cesse que de satisfaire leurs clients.
• la cire n’est pas une denrée alimentaire comme du miel, pour répondre aux remarques des apis qui expliquent que lorsque le miel est apporté à la coop tous les fûts sont analysés avant d’être conditionnés. (Eux ne font que peu ou pas d’analyses).
• puis rien ne réglemente ce que les ciriers peuvent gaufrer…

Voilà rapidement le compte-rendu de ce procès. Le jugement est mis en délibéré au 16 janvier 2020.

Nicolas »

Notez bien que la FFAP est particulièrement engagée sur ce sujet, que des échanges ont lieu avec un cabinet d’avocat·es pour lancer des procédures et/ou soutenir des procédures en cour. Nous vous tiendrons au courant dès que possible.

Toujours sur ce même sujet un article dans La France agricole :

« La Fnab veut améliorer la traçabilité de la cire d’abeille »


Pour aller plus loin

  • Pesticides SDHI : l’avertissement des chercheurs validé

« La commission nationale des alertes en santé publique estime qu’un « doute sérieux » existe sur ces fongicides. »

Article de Stéphane Foucart à lire sur le site du Monde pour les abonné·es.
Pour les autres c’est par ici.

  • Émission de radio : « La vie au temps des pesticides »

« Dans Affaires Sensibles, plongée dans le monde merveilleux de l’agrochimie et son armée pesticides ! Invités Fabrice Nicolino auteur de « Le crime est presque parfait » aux LLL et Paule Bénit, ingénieure de recherches en biologie cellulaire et biochimie à l’Inserm et co-découvreuse de la SDHI. »

À écouter sur le site de France Inter.

Guillermo Wolf Contact/Coordination FFAP
Contact par téléphone aux horaires suivants :
Le lundi 8:30-17:00 mardi, mercredi et vendredi 8:00-11:00 et le jeudi 8:00-10:00