Compte-rendu de la réunion dépopulations d’abeilles sur miellée de tournesol en Occitanie, animée par le référent national apiculture le vendredi 28 juin 2019

, par  FFAP

Cette réunion avait pour objet la présentation d’un plan d’action visant à identifier les toxiques causant les dépopulations sur la miellée de tournesol constatées officiellement depuis les 2 dernières années par les services de l’Etat. Je précise que nous, les apiculteurs, avons alerté sur ce problème depuis bien longtemps.

L’élaboration de ce projet s’est appuyé essentiellement sur les résultats d’un travail initié par le groupe de travail du GDSA31 avec l’appui financier de la Fondation MICHAUD/Lune de Miel.

Un rappel des divers mécanismes administratifs relatif aux déclarations de problème de mortalité et de dépopulation a été fait afin de permettre une réactivité plus grande à l’avenir.

Mr Brunet de l’INRA d’Avignon a fait une très bonne intervention sur l’étude des terpènes sur tournesols. Ces travaux du début des années 2000 ont permis de démontrer les possibles atteintes comportementales sur l’abeille. Toilettage intense, activité de butinage perturbée… Il est à noter qu’aucun signe de dépopulation massive ne peut-être relié à cette exposition.

Un travail de terrain pour cartographier et identifier les cultures a été présenté par Mr Cathala. Ceci sur les zones de butinage des ruchers impactés.

L’étude qui sera menée en 2019 sur le terrain consiste principalement à vérifier ce que la bibliographie et les publications scientifiques nous disent sur les néonics.

Les néonics seront donc la cible principale recherchée. Doit-on en conclure que leur culpabilité ne fait aucun doute ? Pour autant lorsque les résultats d’analyses toxicologiques sont restitués il n’est jamais conclu à une intoxication aux néonics… Qui peut aujourd’hui prétendre interpréter des résultats d’analyses pouvant impliquer les néonics ?

Il est très dommageable qu’une telle étude n’ait pas eu lieu en post homologation par les services de l’Etat pendant plus de 20 ans d’utilisation sous AMM des néonics.

Cette demande aussi bien que d’autres à été faite régulièrement auprès des services de l’Etat.

A titre d’exemple, nous n’avons jamais obtenu de réponse sur les surfaces blé/orge réellement cultivées en enrobage GAUCHO, comme nous n’avons jamais pu savoir quel type d’enrobage propose les camions-usine d’enrobage à façon.

Une autre demande qui pour cette année encore ne sera pas prise en compte par manque de protocole est l’examen des poussières de moissons. Une analyse simple de broyât en sortie de moissonneuse qui aurait permis à moindre coût d’identifier la présence de substances dans les pailles a été refusée. Ce sera encore un an de perdu, sachant que plus on s’éloignera de la date d’interdiction, plus la chance de trouver des néonics sera faible.

Il est prévu des prélèvements de nectar par la FREDON dans les zones incriminées, ainsi que dans des présumées zones témoin pour lesquelles il n’y aurait pas de problème de dépopulation. Comment peut-on aujourd’hui définir à l’avance de telle zones, et pourquoi donc les apiculteurs ne se précipiteraient pas sur ces zones paradisiaques ?

En conclusion ces travaux représentent un suivi post interdiction des néonics dans l’environnement. Aucune garantie d’établir un lien de cause à effet ne peut être donnée à ce jour. Quels sont les moyens réels financiers et humains mis en oeuvre pour cette étude ?

L’examen trop ciblé des néonics uniquement sur tournesol et maïs risque de nous faire passer à côté d’une autre cause ou d’une association toxique pour l’abeille.

Si ce n’était pas l’urgence environnementale et économique pour nos exploitations, le seul enrichissement des données scientifiques ne poserait pas de problème aux les apiculteurs.

Aujourd’hui les apiculteurs ne peuvent plus se satisfaire d’accumulations de données. Ce sont des aides directes sous forme d’indemnisation qu’il faut envisager.

Mr Meziani a initié ce travail de vérification, quant à de possibles mesures financières pour les apiculteurs victimes rien n’est prévu. C’est pourtant bien la DGAL qui a eu trop longtemps la gestion des homologations et reste encore aujourd’hui au coeur du dispositif réglementaire.

Aujourd’hui l’accumulation de données par les ADAs et les centres de recherches permettent d’affirmer que l’on retrouve des néonics dans diverses matrices apicoles et végétales. Néanmoins il semble que les services de l’Etat ne soient pas en mesure d’en conclure à une implication de ces substances dans les problèmes de mortalités/dépopulations.
Et pourquoi donc engager à nouveau toutes ces études et justement maintenant, après l’interdiction. Je ne vois rien dans la présentation de Mr Méziani qui puisse apporter une réponse plus concrète.

Commentaires :

Bien que nous aillons émis des réticences sur la validité de renouveler ce genre d’investigation, aujourd’hui nous dénonçons et ne souhaitons pas cautionner ces travaux. D’après les renseignements pris auprès de l’ADA Occ et de la FREDON, alors que les floraisons de tournesols sont à plus de 2/3 d’avancement aucun travaux pratiques ne commencera avent le lundi 22 juillet et ce uniquement sur des parcelles d’agriculteurs volontaires et sans garantie absolue d’un précédent de culture traitée néonics. Nous n’avons pas non plus de nouvelles ni du protocole ni de la venue sur le terrain de Mr Luc Belzunces pourtant annoncée lors de la réunion.
Nous espérons qu’après un travail aussi partiel et tardif il ne sera pas publié de résultats faisant autorité et ne correspondant pas à la réalité du terrain. C’est un gaspillage d’argent public pour une fois de plus faire patienter les apiculteurs.

Denis SAPENE pour la FFAP